Kael franchit la porte,
ses pas lourds résonnant contre le sol froid.
Il se préparait à faire face à ce qui l’attendait…
mais tout changea en un instant.
Lorsqu'il posa le pied de l’autre côté —
tout s’arrêta.
Un vide absolu.
Il s’arrêta net.
Adam, quelques pas derrière lui,
n'était plus là.
Plus de son.
Plus de lumière.
Plus de présence humaine.
L’air lui-même semblait avoir disparu,
comme si le monde s’était effacé autour de lui.
Il tourna la tête frénétiquement,
cherchant désespérément une trace de ce qui avait été là.
Mais il n'y avait rien.
Rien,
sauf cette obscurité étrange.
Oppressante.
Son corps était figé dans un silence assourdissant.
Dans sa main —
la torche, qu'il avait serrée quelques secondes plus tôt,
avait disparu.
Tout comme le sac à son dos.
Et la corde autour de sa taille.
Plus rien.
Il leva la main devant ses yeux.
Mais aucune lumière ne filtrait.
Aucune silhouette.
Aucune ombre.
Il chercha à crier —
mais aucun son ne sortit de sa bouche.
Le vide autour de lui
semblait dévorer même le moindre souffle,
comme si l’univers tout entier avait pris congé de lui.
Son cœur s’emballa.
Chaque battement résonnait dans ce silence absolu,
plus lourd que jamais.
Où était Adam ?
Où était tout ce qu’il connaissait ?
Était-il seul ici ?
Kael ferma les yeux un instant,
espérant que ce n'était qu'une illusion…
Mais la vérité, glacée et implacable,
le frappa de plein fouet.
Il était seul.
Il rouvrit les yeux,
l’esprit en proie à une tempête intérieure.
Il n’arrivait plus à penser clairement.
Chaque pensée se heurtait à un mur de confusion.
Un mauvais rêve ?
Impossible…
Il n’y avait pas de sensation de rêve ici.
Pas de flou.
Pas de distorsion.
C’était trop réel.
La mort, alors ?
Peut-être…
Peut-être qu'il était déjà mort.
Et que cet endroit était l'ombre d'un autre monde.
Mais non.
Il n'y avait pas de douleur.
Pas de froid.
Juste un vide.
Un silence angoissant.
Si c’était la mort,
pourquoi le vide était-il si lourd ?
Non.
Il écartait cette idée.
La folie…
il y songeait maintenant.
La déraison.
Un esprit fracturé, peut-être.
La perte de tout repère.
L’effondrement de sa propre perception.
Mais comment savoir ?
Il n’y avait pas de signes évidents.
Pas de déformation de la réalité…
Juste l’impossible réalité de son isolement.
Il tenta de se calmer.
De rationaliser.
Mais chaque pensée se dissolvait dans le chaos.
Il ferma les yeux.
Se concentra sur sa respiration.
Chercha à reprendre le contrôle
de cet esprit qui s’emballait.
Il fallait garder une pensée claire.
La réalité…
il en était certain,
n’était pas ce qu’il avait connu.
Mais quoi alors ?
Une autre dimension ?
Un endroit où le temps et l’espace n’avaient plus de sens ?
Un espace déformé, torturé ?
Il n’arrivait pas à répondre.
Les questions s’entremêlaient.
Mais au-delà de l’incertitude,
une chose persistait…
Une lueur.
Presque imperceptible.
Au loin.
Il plissa les yeux.
À environ cinquante mètres :
une silhouette contre cette mer d’obscurité.
Une petite flamme vacillante.
Peut-être bleutée.
Peut-être noirâtre.
Il n’arrivait pas à être certain.
C’était étrange.
Presque irréel.
Mais c’était là.
Une lumière,
dans ce vide insondable.
Le seul repère qu’il avait.
Sans réfléchir,
ses jambes tremblantes,
emportées par une impulsion désespérée,
commencèrent à bouger.
Il devait aller vers cette lueur.
Là-bas, peut-être…
peut-être qu’il trouverait des réponses.
Ou ce qu’il espérait encore trouver.
Kael hésita un instant,
ses pas incertains dans l'obscurité.
Il ne voyait même pas le sol sous ses pieds.
Tout était noir.
Abyssal.
Chaque mouvement semblait un saut dans le vide.
Une marche vers l’inconnu.
Ses jambes étaient lourdes,
comme si l’air lui-même cherchait à l’en empêcher.
Et pourtant,
il avançait.
Son esprit, en proie à un tourbillon de pensées
et d’émotions qu’il n’arrivait pas à appréhender.
Que se passait-il ?
Il ne pouvait pas comprendre.
Tout lui échappait.
Pas un bruit.
Pas un souffle.
Pas la moindre indication.
L’étrangeté de la situation le saisissait.
Il se sentait terriblement seul.
Perdu dans ce vide sans fin.
Soudain —
une lumière vacillante émergea dans l'obscurité.
Il sursauta.
Des torches.
Flamboyantes.
Étincelantes sur ses flancs.
Il cligna des yeux.
Les écarquilla.
C’était… inconcevable.
Comment cela se pouvait-il ?
Il chercha des réponses du regard.
Scruta tout autour de lui.
Où étaient-elles installées ?
Sur des murs ?
Des pylônes ?
Il n'y avait rien.
Rien du tout.
Pas une structure.
Pas un support.
Juste l’obscurité.
Envahissante.
Absolue.
Et pourtant,
elle faisait apparaître ces lumières.
— C’est impossible…
Pensa-t-il,
le cœur battant plus fort.
Qui… ou quoi…
fait cela ?
La question lui brûlait les lèvres.
Mais il n’avait pas de réponse.
Les torches flottaient.
Suspendues par une force invisible.
Une force bienveillante, peut-être…
Mais pourquoi ?
Pourquoi l’éclairer lui,
seul dans cette mer de noirceur ?
L'obscurité l'entourait.
L’engloutissait.
Et pourtant…
elle lui offrait un chemin.
Ces lumières.
Ce couloir.
Cela n’avait aucun sens.
Et pourtant,
c’était là.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Ses pensées se mélangeaient.
Un tourbillon de confusion.
— Je suis dans un rêve ?
Une illusion ?
Ou… une sorte de test ?
Non.
Ce n’était pas ça.
Tout était trop réel pour n’être qu’un cauchemar.
Il n’y avait aucune distorsion.
Aucun flou.
Juste… le vide.
Mais ce vide semblait…
le guider.
Une lueur d’espoir naquit dans sa poitrine.
L’obscurité semblait s’éclairer à son passage.
Comme si elle savait exactement où il devait aller.
Comme si…
elle l’attendait.
Elle me guide.
Il se sentit pris dans une relation étrange avec cet environnement.
Le vide n’était plus juste une absence.
Il y avait une volonté.
Un ordre caché derrière le chaos.
— Pourquoi moi… ?
Pourquoi maintenant… ?
Il ferma les yeux.
Tenta de calmer les battements frénétiques de son cœur.
Un vertige le saisit,
comme si le sol se dérobait sous lui.
Il ouvrit les yeux.
À quelques pas —
une nouvelle torche s’alluma.
Lumière faible.
Vacillante.
Il s'arrêta.
Pétrifié par l’étrangeté de la scène.
À chaque pas,
une nouvelle torche surgissait.
Illuminant un chemin qu’il ne comprenait pas.
— L’obscurité…
elle me montre la voie…
— Mais pourquoi moi ?
Une dernière torche s’alluma.
Plus grande que les autres.
Et cette fois…
elle ne révélait pas un mur.
Mais une silhouette.
Immobile.
Qui l’attendait.