Kael réalisa une chose :
l’intégralité des surfaces du hall était recouverte de bas-reliefs,
de symboles,
de sculptures
et de gravures.
Certaines racontaient de courtes scènes,
d’autres de simples phrases,
ou des histoires entières.
Il y avait de tout.
— Adam, tu ne trouves pas un schéma répétitif dans la manière dont ces fresques sont organisées ?
demanda Kael, visiblement inquiet,
une goutte de sueur coulant sur sa tempe.
— Hein ? Comment ça ? Développe un peu, parce que là, je vois pas du tout où tu veux en venir,
répondit Adam, un peu perdu.
— Reculons un peu, tu comprendras mieux,
fit Kael en se détournant,
le ton plus calme, mais toujours tendu.
— Mouais… j’espère que ce n’est pas encore une excuse pour m’éviter de glander, hein ?
lança Adam, un peu vexé.
Le hall, vu de haut, formait une croix.
Kael retourna à l’entrée d’où ils étaient venus,
puis désigna la première fresque.
— Adam. Dis-moi ce que tu vois, là.
— Euh… une fresque ?
répondit-il d’un ton hésitant,
attendant de voir la réaction de Kael.
Ce dernier se passa la main sur le visage,
hochant la tête avec un soupir.
— Adam… je ne sais pas si tu le fais exprès ou si c’est naturel…
— Hein ? Mais non, je…
— Laisse tomber, le coupa Kael.
Dans les deux cas, ça va m’énerver.
Alors fais un effort, sinon je risque vraiment d’oublier de désactiver certains pièges à l’avenir.
Adam esquissa un sourire maladroit,
mi-amusé, mi-nerveux.
— Désolé, Kael. Recommence, s’il te plaît. Je te promets de faire gaffe cette fois.
Explique juste un peu plus doucement… On n’a pas tous un cerveau qui turbine comme le tien !
Kael hésita un instant.
Il ne savait pas s’il devait prendre ça comme un compliment ou une pique.
— Adam, tout d'abord, comprends-tu les fresques ici à l'entrée ?
demanda Kael, d'un ton calme et attentif.
— Mmmmmh, dans l'ensemble, si je dois être honnête avec toi, je comprends l'idée générale, mais je bloque complètement sur les détails,
affirma Adam d'un ton assuré.
Kael regarda la fresque
et pensa à la réponse d'Adam.
— Très bien ! Je vois ce qui ne va pas.
Bien qu'on ait des bases similaires en linguistiques modernes et anciennes, je ne comprenais pas la raison de ton incompréhension,
mais maintenant, j'ai une idée d'ensemble,
répondit Kael, d'un air joyeux.
Adam, assez troublé, fronça les sourcils.
Il comprenait ce que Kael lui expliquait…
mais pourquoi accorder tant d’importance à un détail aussi obscur ?
Kael — Tu ne saisis pas encore, hein... Tu te rappelles de ce que tu m’avais raconté à propos de ta mission en Égypte ?
Adam, les yeux plissés — Hmm… Ah ! Oui ! Le tombeau au sud de Saqqarah.
Je croyais être sur une nécropole classique, et puis… je suis tombé sur ce temple en ruine.
Le plus étrange, c’est qu’il y avait du cunéiforme mésopotamien à l’intérieur.
Complètement hors de propos pour les Égyptiens. Et ce type d’écriture est bien antérieur aux hiéroglyphes.
Kael hocha lentement la tête.
— C’est exactement là où je voulais en venir.
Il se redressa
et désigna les quatre bras de la croix formée par le hall.
— Ce hall n’est pas qu’une architecture étrange…
C’est une carte.
Chaque branche est gravée dans une langue antique différente :
ici, du cunéiforme sumérien et akkadien ;
là-bas, un quipu modifié — une sorte de pictogrammes incas ;
plus loin, du latin archaïque.
Et ce dernier bras, celui qui est face à nous, est… différent.
Adam, concentré, suivait du regard chaque direction pointée.
— Attends… Si chaque langue pointe vers une région d’origine…
Ça veut dire que ces branches désignent la localisation des autres temples, c’est ça ?
Kael acquiesça.
— Le sumérien nous mène à la Mésopotamie.
Le quipu vers le Pérou.
Le latin vers l’Europe.
Et le dernier…
Adam, fronçant les sourcils — Mais… on est déjà dans l’un des quatre temples, non ? Alors cette branche-là… elle ne pointe vers rien ?
Kael croisa les bras,
un sourire tendu au coin des lèvres.
— Justement.
C’est ça qui me chiffonnait.
Et puis j’ai eu une idée.
Il fit un pas vers le bras central de la croix,
là où les gravures semblaient plus effacées,
presque dissimulées par le temps.
— Et si cette dernière branche n’indiquait pas un autre temple…
mais quelque chose de caché ici-même ?
Une salle.
Un cœur central.
Un fragment de vérité plus profond encore.
Le silence s’abattit entre eux.
Adam déglutit.
Kael, posant la main sur la fresque centrale, murmura :
— Si j’ai raison…
alors ce qu’on va découvrir là-dessous pourrait bien ne pas être destiné aux vivants.
Kael avança jusqu’au point central,
là où les quatre branches convergeaient.
Il effleura la pierre.
Un frisson remonta le long de son bras.
Un symbole pâle,
à peine visible à l’œil nu,
se mit à luire faiblement sous sa main.
Il plissa les yeux.
On aurait dit… une goutte de sang gravée dans la roche.
Adam s’approcha.
— Tu l’as vu aussi, hein ?
Kael hocha la tête,
l'air grave.
Sans un mot,
il passa la main sur la gravure.
Rien ne se produisit.
Mais à peine son sang eut-il perlé de la coupure sur sa paume —
souvenir des pièges d’avant —
qu’un claquement sourd résonna dans les profondeurs du hall.
Un fragment de dalle se mit à vibrer…
Et le sol se mit à s’ouvrir.