Chapitre 27 — Le Village et la Promesse
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Un petit village, perdu dans les brumes d'un matin sans importance.
Cela faisait maintenant plus de trois semaines que Xù Liyan et Yuèyao s'étaient installés ici, loin de la cour, loin de l'Empereur, loin du monde.
Dans ce village, personne ne connaissait leurs noms véritables. Pour les habitants, elle était simplement la guérisseuse du Nord, et lui, le jeune homme beau et charmant qui l'accompagnait.
Grâce à ses connaissances en médecine, Yuèyao avait gagné le respect des anciens, des femmes, des enfants — et même des bêtes. Elle ne demandait rien, mais elle donnait. Et cela suffisait pour qu'on la laisse tranquille.
Liyan, lui, n'était pas médecin. Mais il était chaleureux, attentionné, et discret. On l'adorait pour sa gentillesse, son rire doux, sa manière de porter les seaux d'eau pour les vieilles dames sans qu'on lui demande. Ici, il n'était ni prince ni bâtard. Juste… un homme bien.
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Un soir, alors que le village dormait sous une pluie fine, ils étaient couchés côte à côte, sous la toiture basse de leur petite maison de paille.
Et Liyan murmura :
— Yuèyao… Est-ce que tu crois que l'Empereur est une bonne personne ?
Elle leva les yeux vers lui, calmement.
— Je sais ce que disent les livres d'Histoire. Que c'est un homme fort, intelligent, juste.
Puis elle ajouta, plus doucement :
— Mais les livres d'Histoire… ne disent pas toujours la vérité.
Liyan resta silencieux un instant, puis soupira :
— Tu as raison sur ce point. Ce soir, je vais te raconter ce que personne ne raconte. L'histoire de l'homme qu'on appelle Empereur. Celui qui est mon frère… ou peut-être mon père.
Il tourna la tête vers elle.
— Pas pour nourrir la haine, mais pour te montrer son vrai visage.
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Flashback — Avant la Couronne
L'Empereur n'était pas né Empereur.
Il était né troisième fils de l'ancien Souverain. Sa mère s'appelait Yù Zhēn, une concubine silencieuse et effacée.
Quant à son père… c'était un homme brisé et obsédé. Avide de pouvoir. Malade de désir. Il ne voyait dans les jeunes filles que des jouets fragiles, sans défense. Il riait quand elles pleuraient.
— Vous ne pouvez rien faire. Je suis l'Empereur, disait-il.
À quinze ans, ses fils reçurent un ordre étrange, presque cruel :
— Vous voulez le trône ? Alors prenez-le. Prouvez que vous le méritez. Aucun d'entre vous n'aura ma faveur. Seulement ceux qui survivront.
Pas de succession. Pas d'héritier choisi. Seulement la loi du plus fort.
Le futur Empereur — celui qui allait devenir le père ou le frère de Liyan — n'oublia jamais ce jour-là.
Et il se fit une promesse :
— Je ne deviendrai jamais un homme comme lui.
Pendant deux ans, il disparut aux yeux du palais. Il étudia. Il écouta. Il voyagea, seul, sous un faux nom. Il observa le pays qu'il voulait un jour gouverner — non pas comme un tyran, mais comme un homme libre.
Et à dix-sept ans, son destin changea.
Il rencontra un garçon nommé Cài Xu.
Fils de paysan. Lunettes rondes. Cheveux ébouriffés. Des yeux étroits et perçants comme ceux d'un renard. Il maniait les chiffres comme d'autres maniaient les lames.
Il pouvait calculer les impôts d'un empire avec une corde et des cailloux. Il parlait vite, pensait plus vite encore. Il n'avait ni beauté, ni titre, ni pouvoir. Mais il avait l'esprit des rois.
Pendant des jours, ils parlèrent jusqu'au crépuscule.
Et un soir, le futur Empereur lui dit :
— Si un jour je monte sur le trône… je te le promets, Cài Xu. Tu deviendras mon Premier Ministre.
C'était une promesse. Une vraie.
Et pour Cài Xu, c'était plus qu'un rêve. C'était la seule porte de sortie d'une vie de misère.
Il donna tout.
Tout ce qu'il avait. Son intelligence. Ses plans. Sa loyauté. Tout, pour cet homme en qui il avait vu quelque chose de plus grand que la noblesse.
Mais ce que personne ne savait, c'est que…
(La suite du flashback se trouve au chapitre 28.)
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Fin du chapitre 27