« Le corps peut mentir…
…mais le cœur, lui, saigne en silence. »
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Après avoir révélé à Liyan qu'il n'était pas son frère… mais son père,
l'Empereur regagna lentement ses appartements.
Son pas était calme.
Mais en lui, son cœur cognait comme un tambour de guerre.
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Dans la chambre impériale, baignée par la lumière froide de la lune,
Xīyue, sa femme, se tenait droite, face à la fenêtre.
Sa silhouette fine était drapée d'un tissu léger, presque invisible.
Ses cheveux noirs glissaient sur ses épaules comme de l'encre vivante.
Elle n'avait pas bougé depuis qu'il était entré.
Il la contempla un instant, puis murmura :
— « Quelle beauté… Même la lune semble pâle à côté de toi. »
Xīyue tourna légèrement la tête.
— « Mon seigneur est de retour. Avez-vous terminé… votre discussion avec votre "frère" ? »
Il s'approcha, posa une main sur son épaule nue, caressa lentement sa peau.
— « Cela fait deux mois que tu as quitté le palais. Tu m'as manqué. »
— « Moi aussi… vous m'avez manqué, Monseigneur. »
Mais au fond d'elle-même, une voix plus vraie parlait.
Tu peux posséder mon corps… mais jamais mon cœur.
Mon cœur appartient à un homme sans pouvoir. Un homme sans trône…
Un homme que je n'ai pas choisi par devoir, mais par désir.
Ken.
Son nom vibrait dans chaque battement de son cœur.
Quelques instants plus tôt, il était encore là.
Ici.
Dans cette même pièce.
Et maintenant… c'était l'Empereur.
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L'homme que le monde appelait Soleil.
Mais qui, pour elle, n'était plus qu'une ombre.
Aveuglé par l'arrogance du pouvoir, il n'imaginait pas que son empire pouvait lui mentir en silence.
Il l'embrassa. Lentement, au début.
Puis il dénoua le tissu qui la couvrait, la fit tomber sur le lit.
Il la toucha, l'explora, la posséda.
Mais ses yeux, à elle, restaient ouverts.
Et dans ses yeux… il n'y avait qu'un seul nom.
Ken.
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Elle ne cria pas.
Elle ne se débattit pas.
Car dans ce monde, elle ne s'appartenait pas.
Mais dans son cœur, quelque chose venait de changer.
Un mur s'était effondré.
Et une flamme… venait de naître.
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Quand ce fut terminé, l'Empereur s'endormit, épuisé, comblé.
Xīyue, elle, resta éveillée.
Silencieuse.
Fixe.
Une larme roula lentement le long de sa joue.
Elle regarda la lune et pensa :
Ce monde est cruel.
Et moi, je suis enchaînée à ce lit… alors que mon cœur dort ailleurs.
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Mais ce qu'elle ignorait…
C'est qu'un regard l'avait vue.
Un regard derrière les interstices du mur.
Un regard caché dans l'ombre.
Sans un souffle.
Sans un mot.
?
Il avait tout vu.
Et dans son silence, une seule pensée résonnait :
Quelque chose entre Ken et Xīyue…
Fin de chapitre 18